Portraits de Chevillais
Novembre 2021
Etan Simon
Fils d’Assane et de Claire dans la série Lupin
Tout commence en octobre 2019 quand, tombée par hasard sur une petite annonce, la cousine d’Etan lui envoie par mail le message suivant : « Regarde ce casting, je l’ai trouvé sur internet, il peut t’intéresser ». Curieux, le cousin clique sur le lien et lit : « URGENT, société de production recherche pour une série télévisée avec en tête d’affiche Ludivine Sagnier et Omar Sy, un jeune métis âgé entre 13 et 15 ans pour jouer leur fils. Expérience non exigée. Si vous correspondez au profil… » Le temps de relire trois fois ces quelques lignes, de se dire “pourquoi pas moi ?”, Etan, alors en 4ème au collège Jean-Moulin, ose et envoie comme une bouteille à la mer ses photos et coordonnées à l’adresse indiquée. Début novembre, le téléphone sonne. Notre postulant apprend qu’il est sélectionné parmi une centaine de candidats, convié par l’agence de casting à venir passer une audition à Paris. Un premier rendez-vous au cours duquel la directrice de casting lui décrit Raoul, un adolescent dont les parents sont séparés et dans la peau duquel Etan va devoir se glisser. Dans le scénario, Raoul vit avec sa mère. Signe particulier : il aime lire les aventures du gentleman cambrioleur Arsène Lupin grâce à son père qui a su l’intéresser aux romans de Maurice Leblanc. Briefé sur le rôle, Etan aura alors quelques minutes pour apprendre un dialogue, passer devant l’objectif et jouer sa scène avant qu’il lui soit demandé d’improviser. « En partant, j’espérais être retenu, mais je ne me faisais pas trop d’illusions non plus ». Mi-novembre pourtant, notre jeune Chevillais est contacté pour un deuxième essai, une audition qu’il passe cette fois devant Louis Leterrier, l’un des quatre réalisateurs de la fiction télévisée (les trois autres étant Marcela Said, Ludovic Bernard et Hugo Gélin). Fin novembre, surprise ! Etan apprend qu’il fait partie des deux candidats restants et qu’il est invité par la production à se rendre dans les bureaux de la Gaumont où lui seront présentés les réalisateurs et Omar Sy ! « Même si je suis reparti sans savoir si j’étais pris, ce jour-là j’ai partagé un moment unique avec des gens extras ». Début décembre, contre toute attente, nouveau coup de fil de la directrice de casting. Fébrile, notre collégien décroche et entend : « Bonjour Etan, je suis désolée pour toi… » puis, une longue seconde plus tard, son interlocutrice poursuit : « Mais bravo, tu es pris ! » Le temps de réaliser qu’il va interpréter le fils de Ludivine Sagnier et d’Omar Sy, Étan partagera sa joie avec les siens tandis que, modeste, il restera discret avec ses amis. « Sans expérience, j’avais tout à apprendre ». Une semaine avant de tourner, coaché, notre apprenti comédien commençait à mémoriser son texte, apprenait à écouter celui de ses interlocuteurs pour mieux leur donner la réplique. Bientôt prêt, il retrouvait toute l’équipe du tournage non loin du Louvre et, pour la première fois, donnait vie à son personnage devant les caméras. « Sur le plateau, j’ai découvert un univers incroyable, une équipe sympa et des acteurs généreux qui m’ont beaucoup appris sur le jeu ». Une “famille” avec laquelle Etan a partagé des fous rires, comme cette fois où les réalisateurs l’ont cherché partout sur le plateau avant de réaliser qu’il était resté dans le coffre d’une voiture, séquestré et menotté pour les besoins du scénario. Présent dans les deux saisons de la série Lupin et en passe de tourner dans la troisième, depuis bientôt deux ans Etan jongle sans trop de difficultés entre sa scolarité et les tournages, suivant des cours de rattrapage chaque fois que cela s’avère nécessaire. Attentionné aux siens et d’un naturel réservé, désormais élève en seconde, il mène une vie normale d’adolescent entre ses amis, son lycée (Pauline Roland) ou encore son club de basket (l’Élan). Toutefois et sans s’y attendre, au fil des mois, Etan a attrapé le virus du cinéma. « Jouer, faire passer des émotions est devenu ma passion ». Demandez-lui de fermer les yeux et de penser au rôle qu’il aimerait un jour incarner. Fan de cuisine, notre acteur en devenir répond sans hésiter « un grand chef étoilé ! »
✹ Florence Bédouet
Octobre 2021
Yanis Khazour
Première rando à vélo de Biarritz à Bordeaux…
Tout commence par une histoire d’amitié. Respectivement Chevillais et Villejuifois, Yanis et Éric se sont rencontrés en 6e au collège Jeanne d’Arc du Kremlin-Bicêtre, et depuis, sont restés amis. Aujourd’hui, Yanis est en troisième année d’ingénierie et son fidèle complice est étudiant en psychologie. Comme beaucoup, ils ont souffert du confinement avec son cortège de cours en distanciel. Alors, pris par le besoin de respirer, déjà adepte du vélo, Yanis a motivé Éric, novice, pour un bike-trip jusqu’à Bilbao ! « L’idée a germé début janvier. Et même si nous n’étions ni l’un ni l’autre entraînés pour parcourir un tel trajet, nous avions par-dessus tout l’envie commune de nous évader ». Leur restait à choisir un itinéraire, à déterminer un budget, et à trouver un sponsor prêt à les financer. Sans prétention et réalistes quant à leurs capacités physiques, nos deux jeunes cyclistes ont d’abord étudié un circuit à leur mesure et prévu un retour en TGV. « Ne sachant cependant pas comment les conditions sanitaires allaient évoluer, plutôt que de rester bloqués à Bilbao, nous avons fini par opter pour un premier bike-trip plus court entre Biarritz et Bordeaux ». Sur le papier : 390 km, un parcours en sept étapes pour un budget journalier estimé à 68 € par personne, train, gîtes et repas compris. « Sauf que dans la réalité, les 49 km que nous avions envisagés parcourir chaque jour sont devenus 70 km en comptant les détours ». En quête d’un sponsor, Yanis et Éric ont alors monté un dossier valorisant le dépassement de soi, l’aspect découverte et la dimension écologique de leur projet. Des valeurs partagées par la Municipalité qui, après un entretien entre nos deux étudiants et le SMJ, les assura de son soutien. Avec la garantie de partir, Éric a investi dans un VTC (vélo tout chemin) et, n’ayant plus que deux mois devant lui avant de s’élancer, a commencé à s’entraîner. Ce 20 août 2021, encore peu expérimentés mais bien équipés pour faire face aux intempéries, aux différents types d’avaries et aux possibles blessures, nos aventuriers enfourchaient leurs vélos non loin de la médiathèque, direction Paris. « Nous n’avions pas fait 5 km qu’Éric a déraillé. Le temps de réparer, nous avons failli manquer notre TGV pour Biarritz » en rit encore Yanis avant d’ajouter : « Le ton était donné. Faite d’imprévus, l’aventure commençait ! ». Des Pyrénées-Atlantiques en passant par les Landes et le sud de la Gironde, fiers d’arborer un tee-shirt floqué par Transene Creative Lab* aux couleurs de la commune, Yanis et Éric ont tour à tour découvert Biarritz, Tarnos, Mées, Léon, Gastes, Arcachon et Bordeaux. Chargés chacun d’un paquetage de 8,2 kilos – sans compter l’eau –, ils se sont parfois égarés sur des chemins non balisés, s’enfonçant dans des voies sablonneuses les forçant souvent à porter à bout de bras leur vélo, à vider leurs sacoches pour traverser des ruisseaux. Ils ont grimpé des raidillons insoupçonnables sur les cartes, eu des ampoules, des courbatures et des crevaisons… Cependant, toutes les difficultés rencontrées n’ont jamais entravé leur volonté d’avancer ni même étanché leur soif de liberté. Parmi les meilleurs moments de ce beau périple, Yanis se souvient de ce petit matin d’août où, seuls au monde, ils ont assisté au lever du soleil sur le lac de Biscarosse (40), de l’accueil chaleureux de Marie-Lou, hôte de 77 ans qui les a reçus à Gastes comme si elle accueillait ses petits-enfants, sans bien sûr oublier tous ces beaux soirs d’été passés à rêver sous des cieux étoilés. Des moments de vie que nos deux nomades ont racontés en vidéo et partagés chaque jour avec le SMJ. « À notre retour, la nature, le chant des oiseaux, les rencontres spontanées, la vie au grand air toute la journée nous ont manqué ». Devenus des accros de la randonnée à vélo, Yanis et Éric comptent partir à Amsterdam l’été prochain. La jeunesse est belle ! Continuons ensemble d’aller plus loin avec elle.
✹ Florence Bédouet
Septembre 2021
Allan Merel
L’atout forme, santé et partage
Habile et aimant jongler du pied avec le ballon, Allan commence le foot à 5 ans au club chevillais de l’Élan. Six ans plus tard, il entre au Montrouge Football Club 92 et s’impose sur le terrain en tant que défenseur central. En 2006, après sa seconde au lycée, l’adolescent rejoint le centre de formation pour jeunes footballeurs du Club Sportif Sedan Ardennes. En y conjuguant études et entraînement, il obtient un bac ES et poursuit son apprentissage réparti sur quatre ans. Toujours très investi dans la discipline, l’athlète obtient à 20 ans un brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (BP JEPS), mention “football”. « Passionné par les vertus de la musculation – et non de la gonflette – sur le corps et l’esprit, j’ai parallèlement suivi un stage de huit mois au club Énergie Forme à Villejuif ». Fort de son cursus sportif, en 2012 Allan intègre le Paris Football Club avant de rejoindre l’US Ivry en 2015. Deux clubs où notre joueur évolue au niveau national. « À l’issue de ce stage, aider les personnes à se sentir bien dans leur peau, à reprendre confiance en elles, m’a semblé naturel. Je n’avais plus qu’un but, devenir coach sportif ». Ultra motivé, Allan obtient un second BP JEPS, mention “activités de la forme” et s’épanouit depuis dans son métier. Quelles que soient les attentes de ses élèves – galbage, perte de poids, musculation, préparation physique, etc. – dans sa salle privée basée à ChevillyLarue, à domicile ou en extérieur, et même en visio, professionnel attentif, notre coach sportif prodigue ses conseils d’expert et accompagne chacun dans la réalisation de ses objectifs. « Tous sont différents, comme mes élèves qui ont entre 13 et 60 ans ». Pour sculpter les corps, les maintenir en bonne santé, Allan dispose d’un matériel haut de gamme : rack squat modulable, poulie Technogym, haltères, barres de pump, steps, sangles TRX et autres accessoires permettent au jeune coach sportif d’envisager pour chacun un programme personnalisé, que ce soit en séances individuelles, en duo, en trio ou en cours collectifs. Resté fidèle au ballon rond, Allan propose également des entraînements conçus pour améliorer, entre autres, la technique, la motricité et la coordination du footballeur. Mais ça n’est pas tout ! Très investi dans son travail et convaincu que l’activité physique est essentielle pour tous et surtout pour les enfants et les jeunes, Allan souhaite œuvrer en ce sens. « D’après l’Organisation mondiale de la santé, tout jeune âgé de 5 à 17 ans devrait faire au moins 60 minutes par jour d’activité physique afin de développer un appareil locomoteur et cardiovasculaire sain. Or, les écrans occupent une place trop importante chez les jeunes, contribuant à leur isolement et à une pratique insuffisante de l’activité physique ». Un constat qui pousse notre Chevillais à concevoir et réaliser de grands jeux d’extérieur, type course d’orientation, chasse au trésor, mêlant sport, loisir et partage. De quoi se dépenser en s’amusant ! Les jeunes Chevillais du SMJ ont déjà pu en faire l’expérience ; cet été, via un partenariat passé avec la structure municipale, Allan leur avait concocté un rendezvous « Avengers et les pierres d’infinité » et une série d’épreuves en mode Koh-Lanta. S’inspirant encore de ce célèbre jeu télévisé, Allan est ainsi l’auteur d’une nouvelle aventure XXL, baptisée « Parc Lanta », dont les prochaines sessions sont prévues dimanches 5 septembre (pour adultes) et 12 septembre (pour enfants) à 14h au parc Petit Le Roy. Voilà une excellente façon de faire de l’exercice physique de façon ludique ! Allan est résolument l’atout forme et santé dans le partage. Alors on s’y met ?
✹ Florence Bédouet
Juillet/août 2021
Christophe Sigda
souvenirs, souvenirs...
Enfant la ville, Christophe Sigda, 50 ans, a grandi à la Croix du Sud, berceau de ses premiers souvenirs, quartier qu’il a vu évoluer au fil des années. Ancien élève de l’école Pasteur, du collège Liberté et du lycée Frédéric Mistral, il était alors un jeune garçon prisonnier d’un cocon ; une timidité maladive qui l’empêchait d’exprimer sa personnalité. « C’était comme vivre avec un parasite, une calamité », confie Christophe, pudique, sans revenir sur le poids de souffrances passées. Avec pour devise “la motivation soulève les montagnes”, l’adolescent qu’il est alors affrontera sa peur en commençant par vendre du vin en vrac, se libérera en suivant durant dix ans des cours à l’École supérieure de batterie Dante Agostini, puis sortira de sa chrysalide en devenant batteur du quatuor Wild Way, groupe de reprises pop-rock plébiscité pour animer fêtes, cafés-concerts et soirées privées. Débarrassé à tout jamais de son handicap, passé de timide à confiant, le “papillon” deviendra technico-commercial , profession dans laquelle il s’épanouit depuis trente et un ans. En 2018, contacté sur Facebook par Bruno Forest, un “vieux” copain de quartier, Christophe rejoint le groupe privé “Anciens de Chevilly-Larue”, collectif créé sur ce même réseau social par Stéphane Pinsard, ancien élève du collège Liberté. « À mes débuts, intéressé par les deux briqueteries Bohy et Lafontaine – implantées ici au début du XXe siècle – je postais quelques archives sur le sujet, montrais comment en faisant tourner leurs fours jour et nuit, elles devinrent jusque dans les années 1960, la principale industrie de la ville » raconte Christophe. Et ça n’est là qu’un exemple ! Entre-temps, notre passeur de mémoires s’est pris au jeu et tout ce qu’il glane et publie, à savoir photos, cartes postales ou encore articles de presse, nous invite à remonter le temps avec tendresse. Pour dénicher ces pépites, Christophe s’appuie sur deux grosses sources d’information : Marc Ellenberger, archiviste honoraire, dont on apprécie lire l’histoire de la ville dans notre magazine, et l’ancien bulletin municipal baptisé alors Vivre mieux, dont il a conservé tous les numéros de 1974 à 1999. Présentées sous forme d’album, ses publications sur toutes les écoles de la ville, le marché de Rungis, le centre commercial de Belle Épine ou encore l’aéroport d’Orly ont suscité l’attention de toutes les générations. « Nous naviguons en pleine nostalgie », assume Christophe loin d’être un adepte du “c’était mieux avant”. « Le but à travers tous ces documents est de retrouver un moment ou une période de notre vie dont on se souvient avec plaisir et affection ». Deux ans après avoir intégré le groupe ‘‘Anciens de Chevilly-Larue’’, notre investigateur en devient l’administrateur en novembre 2020. Au-delà de la publication, lui revient désormais la responsabilité d’accepter ou d’exclure un membre du groupe, de modérer les commentaires dans le cas où ces derniers seraient délétères. Et en à peine huit mois, de 380 membres, le groupe est passé à 603. Pourquoi ? Parce qu’en un sens, tous les thèmes partagés sur Facebook par ces Chevillais attachés à leur ville nous ramènent aux doux parfums de notre enfance. Parmi eux, Christophe se souvient de celui de l’année 1982. « Il exhalait le printemps et avait un goût de liberté. Nous étions élèves à Pasteur, en CM2 et c’était la première fois que nous partions en classe verte avec notre institutrice, Madame Andrieu. Trois semaines à Aynac dans le Lot, durant lesquelles nous avons appris à monter à cheval, découvert cette magnifique région et passé tous ensemble des moments d’exception ». Sur l’air de “Souvenirs, souvenirs”, nos ‘‘Anciens de Chevilly-Larue” trouvent les meilleurs et les partagent pour nous offrir quelques instants de bonheur !
✹ Florence Bédouet
Juin 2021
Clara Matéo
Ingénieure polytech, attaquante au paris football club
Plébiscitée par les garçons pour jouer au foot avec eux durant la récréation, dès le CP Clara Matéo se découvre une véritable passion pour le ballon rond. Ainsi, elle débute la discipline à 7 ans à l’Union Sportive Sainte-Luce-sur-Loire (44), où les filles sont rares dans les effectifs, et s’y entraîne jusqu’à ses 15 ans, âge limite pour les entraînements mixtes. Les clubs féminins n’étant alors pas légion, Clara rejoint en 2012 et en deuxième division, l’Étoile sportive ornaysienne de football Vendée La Roche-sur-Yon. Après le collège, forte de ses aptitudes physiques et techniques, notre sportive entre au Pôle Espoir de Rennes, structure qui lui permet de préparer en internat un bac S et de s’entraîner tous les jours à un niveau élevé. « Partir de chez mes parents ne fut pas un sacrifice, mais un choix de carrière. Après, il faut s’accrocher, travailler, croire en soi et regarder droit devant ». De 2013 à 2016, grâce à son redoutable coup de pied droit intérieur, notre attaquante est sélectionnée une cinquantaine de fois dans l’équipe nationale des Bleuettes. Avec elles en 2016, elle remporte en Slovaquie le championnat d’Europe des moins de 19 ans, et décroche en Papouasie-Nouvelle-Guinée le titre de vice-championne du monde des moins de 20 ans. « De belles expériences qui au niveau international, ont contribué à mon évolution ». Sans compter qu’à cette époque, Clara est déjà détentrice d’un DUT en sciences et génie des matériaux. Recrutée lors du mercato estival 2016, notre athlète rejoint à 19 ans, et de nouveau en D1, le FCF Juvisy Essonne qui fusionne en 2017 avec le Paris Football Club (PFC). Invitée à signer un contrat pour trois ans, maillot n° 11 et milieu de terrain, elle renforce dès son arrivée le secteur offensif du club francilien. Peu après son arrivée au PFC, animée par la volonté de s’assurer un avenir professionnel tout en menant sa carrière sportive, notre footballeuse intègre l’École Polytech Paris-Saclay et poursuit des études d’ingénieure spécialisée dans l’étude des matériaux. « Grâce à un dispositif d’accueil et d’accompagnement personnalisé, le réseau Polytech m’a permis de concilier de front ce double projet, lequel était essentiel à mon épanouissement personnel ». En 2018, toujours au PFC et en 3ème année d’étude à Orsay, contactée par Corinne Diacre, l’équivalent de Didier Deschamps, Clara est appelée à s’exprimer chez les Bleues ! « Je ne m’y attendais pas et n’oublierai jamais l’émotion que j’ai ressentie ce jour-là ».Entraînée par Sandrine Soubeyrand au PFC, le 27 novembre 2020, à la veille de ses 23 ans, notre Chevillaise fait ses premiers pas en équipe de France de ootball contre l’Autriche. Après une passe décisive lors de cette première rencontre, elle est rappelée pour les qualifications de la coupe d’Europe, et marque à la 83ème minute, face au Kazakhstan. Ses bonnes performances au PFC et sa détermination sur le terrain lui valent deux nouvelles sélections chez les Bleues, lors de deux matchs amicaux contre la Suisse, en février 2021. Les fruits d’un travail acharné. Clara s’entraîne tous les jours, deux heures, depuis des années. « À cause du virus, beaucoup d’entraînements ont lieu en individuel, mais en tant que professionnelles, nous avons la chance de pouvoir travailler ensemble dans le respect des gestes barrières ».Classée 4ème buteuse de la saison en D1 et par ailleurs diplômée de Polytech Paris Saclay, notre joueuse internationale vient d’intégrer le groupe Arkema en tant qu’ingénieure Business Dévelopment pour le marché du sport et Lifestyle en Europe. « À terme, j’aimerais travailler sur l’amélioration de la performance du sportif à travers les matériaux ». Supporters et fans de ses exploits, nous croisons les doigts pour qu’elle soit sélectionnée lors de la prochaine Coupe d’Europe 2022 ainsi que pour la Coupe du Monde qui aura lieu en Australie et en Nouvelle-Zélande en 2023.
✹Florence Bédouet
Mai 2021
Magali Lamotte & aurélie Tran, professeures des écoles
En un an, notre métier a changé
Affectée à l’école Pasteur, Magali Lamotte enseigne en CE1, dans une classe de 31 élèves. Sa priorité : consolider l’apprentissage du CP. Faire découvrir aux enfants à quoi leur servent la lecture et l’écriture à travers différentes activités tout en les sensibilisant à l’environnement. Nommée à Pierre et Marie Curie, Aurélie Tran instruit 24 élèves de CM2 avec mission de développer leur autonomie pour les amener, matures, vers le collège. Investies comme beaucoup de leurs collègues, toutes deux affichent la volonté de transmettre à leurs élèves le plaisir d’apprendre, d’être curieux. Tout un programme qui se prépare en amont mais qui, crise sanitaire oblige, a connu dès mars 2020 quelques perturbations avant de déclencher une mobilisation inédite dans le monde de l’Éducation ; système soudain confronté au maintien, à distance, de la relation pédagogique entre élèves et enseignants. « Une révolution. Une sorte de défi auquel nous avons tous dû nous adapter au plus vite en faisant preuve d’inventivité », déclare Magali Lamotte.
Tous contraints d’utiliser de nouveaux outils numériques – en l’occurrence la classe virtuelle du CNED pour nos deux interviewées – nos enseignants se sont dès lors familiarisés avec ces derniers en repensant toute leur pratique pédagogique. Ils ont aussi recensé quels élèves avaient les moyens ou non de se connecter, et se sont interrogés pour savoir comment, dans ce nouveau contexte d’isolement, les parents pouvaient soutenir leurs enfants. « Pour ma part, en CE1, mes élèves n’avaient dans leur famille qu’un accès très limité à l’ordinateur, lequel était déjà fort accaparé par leurs aînés » souligne Magali Lamotte, sans s’étendre sur la gestion des bugs informatiques, des problèmes de cartouches d’encre et d’imprimante. Raisons pour lesquelles, dans leurs cas, nos deux professeures des écoles ont préparé bon nombre de polycopiés que les parents venaient chercher à l’école. Après cette courte période d’adaptation digitale, nos enseignants se sont ensuite investis dans toute la préparation que nécessite en amont l’école en distanciel. Entre l’élaboration du planning pour la semaine, le contenu des cours à concevoir, les allers-retours en ligne des devoirs à faire et à corriger, les évaluations à gérer… en peu de temps, Magali Lamotte et Aurélie Tran ont constaté combien leur métier avait changé. « Du CP au CM2, cette période nous a toutefois permis de personnaliser et d’intensifier les relations avec les parents d’élèves », ajoutentelles. « Tous ont joué le jeu, et grâce à leur soutien, le passage entre le CM2 et la 6e s’est bien passé » précise pour sa part Aurélie Tran. Après plus de trois mois de confinement, le 22 juin dernier, le retour à l’école a conduit nos institutrices et instituteurs à enseigner masqués et dans le strict respect du protocole sanitaire imposé dans leurs établissements ; astreintes qui de nouveau ont modifié leur façon de travailler. Toutefois, et malgré tous les efforts fournis l’an passé, certains enseignants ont été contraints de revoir à la baisse leurs objectifs pédagogiques chez les plus jeunes. C’est pourquoi, dès la rentrée de septembre et avec tout l’engagement qui les caractérise, nos professeurs des écoles ont, tout en réinstaurant les habitudes de travail en classe, aussitôt mis en œuvre des stratégies de rattrapage dans l’intérêt de nos enfants. De plus, stoppées depuis un an dans leurs projets culturels, Magali Lamotte et Aurélie Tran n’ont qu’une hâte : retrouver pleinement tous les rendez-vous, tous les spectacles, tous les concerts, toutes les expositions organisés par la médiathèque, le théâtre André Malraux, le conservatoire, et la Maison des arts plastiques Rosa Bonheur, et si possible repartir comme avant en classe de découvertes avec les enfants. En cette période où les parents ont pu expérimenter combien il est difficile d’enseigner, que dire sinon que professeur des écoles, c’est un métier. Un très beau métier !
✹ Florence Bédouet
Avril 2021
Nolwenn Rouillé
Être étudiante en 2020/2021
Le 7 septembre 2020, titulaire d’un bac S, mention “Assez bien”, Nolwenn intègre l’IUT Paris Descartes où elle s’apprête à suivre en alternance, et durant deux ans, un Diplôme universitaire de technologie en Technique de commercialisation. Filière qu’elle a choisie pour ses nombreux débouchés tels l’import-export, l’événementiel, l’immobilier… Si, dès la rentrée, elle a hâte de commencer, elle avoue avoir éprouvé une petite appréhension face à la nouveauté.
« J’ai grandi à Chevilly-Larue, vécu avec les mêmes amis de la maternelle jusqu’au lycée. Je redoutais un peu, et à tort, de me retrouver avecde nouvelles personnes. » Comme bon nombre d’étudiants, elle n’aura que deux mois pour nouer de nouvelles relations au sein de sa promotion, puisque le 28 octobre l’Exécutif annonce un nouveau confinement dans l’enseignement supérieur. Décision qui oblige les professeurs à assurer les cours en ligne, à dispenser 35 heures de cours face à des étudiants seuls devant leur écran.
« Depuis, nous avons trois heures et demie de cours le matin et autant l’après-midi. Et entre chaque, dix minutes de pause avant de passer d’une matière à une autre. Écouter un prof nous parler en distanciel est parfois très long. Nous avons du mal à nous concentrer et, parce que nous sommes moins attentifs qu’en présentiel, nous avons tendance à plus vite décrocher. Nous n’osons plus poser de questions. L’interaction entre nous et nos enseignants est quasi nulle. Et du coup, tous les travaux en groupe sont lourds et compliqués à réaliser ». Puis elle ajoute : « j’ai de la chance de vivre chez mes parents et d’être une semaine sur deux en alternance, ce qui me permet de préparer mon diplôme tout en étant rémunérée. Mais je comprends qu’à force tous ces facteurs poussent certains étudiants à l’isolement. Sans compter que certains n’ont plus le petit boulot qui leur permettait de payer leur studio, ni même les moyens de s’alimenter correctement. »
Depuis fin octobre, Nolwenn a passé la moitié de ses partiels via un système de surveillance organisé à distance. Et l’autre moitié toujours en ligne, avec recherches autorisées, sans être observée. En parallèle, travailler quinze jours par mois dans une entreprise de transport-logistique lui procure un semblant de vie normale. « L’alternance complète la formation initiale d’un DUT. Elle me permet d’acquérir une expérience professionnelle tout en confrontant mes connaissances théoriques à la pratique. »
Ainsi, affectée au service administratif de cette société, Nolwenn apprend à gérer des dossiers, à tenir la comptabilité, à faire des factures… Et accompagne de temps en temps les commerciaux en rendez-vous clients. La reprise des cours en présentiel le lundi 22 février, à raison de deux fois par semaine, a été pour elle un soulagement. « Après presque quatre mois, ça m’a fait du bien de revoir mes professeurs et de retrouver en demigroupe tous les étudiants avec lesquels j’ai à peine eu le temps de tisser une relation. »
Accaparée par des études chronophages, Nolwenn n’a cependant pas oublié qu’hier encore elle était lycéenne. Et dans le but d’aider à s’orienter tous les élèves qui passent leur bac cette année, elle a rejoint un groupe Snapchat (groupe orientation. csl) créé par tous ses amis, eux-mêmes bacheliers l’an dernier. « Nous avons essayé de rassembler des cursus différents pour mieux partager nos parcours avec les Terminales. Et finalement, au-delà du lycée Pauline Roland, tous les élèves en ont profité, même ceux des autres départements ! » Et les loisirs dans tout ça ? « Je pratique le hip-hop au SMJ avec Leïla Château depuis cinq ans. Mais cela fait un an que je ne suis pas allée danser et ça me manque terriblement. »
Comme toute la jeunesse, Nolwenn espère la fin de la pandémie et des restrictions ; elle rêve de retrouver la vie d’avant. Quoi de plus normal quand on a 18 ans !
✹ Florence Bédouet
Mars 2021
Maureen Gizzi
Coiffeuse à l’heure de la Covid-19
Avec un nom qui chante l’Italie, Maureen a grandi à Thiais et rêvé toute son enfance de devenir coiffeuse comme sa tante l’était. « Déjà passionnée par ce métier, je jouais dans la boutique avec le matériel que me prêtait son patron et m’imaginais déjà mettre en valeur mes clients dans mon propre salon. » Quelques années plus tard, toujours très motivée, notre artiste en herbe entre en apprentissage dans la coiffure à 15 ans et obtient, quatre ans d’études plus tard, son brevet de maîtrise qu’elle complète par une formation de coloriste.
Diplômée, elle commence par exprimer sa dimension créative dans plusieurs salons à Paris jusqu’au jour où, victime d’une agression, affectée, elle n’est plus en mesure de rentrer seule et tard en passant par Saint-Lazare. « Quand j’ai raconté cette mésaventure à mon père, il m’a dit, “ça suffit les bêtises !” puis, aussitôt il s’est mis en quête de me trouver, via la Chambre des Métiers et surtout à peu de frais, un salon à vendre où je pourrais m’installer. »
À force de recherches, M. Gizzi finit par rencontrer Mme Monique Chaumont, propriétaire du salon “Monique Coiffure” sis 182 boulevard Jean Mermoz à Chevilly- Larue, laquelle part à cette même époque à la retraite. « Lors de notre première visite, elle a vu en moi la jeune fille de 25 ans qu’elle était en 1973 quand elle a commencé. Et comme nous exercions le même métier, entre nous les choses se sont passées en toute simplicité. » Sauf que, qui dit petit budget, dit aussi commerce mal situé, contrainte que Maureen décide d’aborder comme un défi.
Les travaux achevés, sans plus d’enveloppe pour investir dans la publicité, notre “pro des ciseaux’’ ouvre “Studio Cut” le 18 septembre 2012 en misant d’abord sur le relationnel et le bouche-à-oreille pour se constituer une clientèle. « Grâce aux anciennes habituées de Mme Chaumont qui m’ont fait connaître auprès de leurs filles et petites-filles, un an et demi plus tard mon activité avait bien démarré. » Et presque dix ans après, toujours petit par sa taille, le salon de coiffure de Maureen est devenu grand par sa renommée ! Le hic est qu’entre-temps la Covid-19 a débarqué, obligeant du 15 mars au 12 mai 2020 tous les coiffeurs à fermer. Sans trésorerie, notre coiffeuse n’a dès lors plus les moyens de se rémunérer. « J’ai reçu une aide de l’État, et c’est déjà ça, mais celle-ci ne remplacera jamais le chiffre d’affaires perdu. »
Enfin autorisée à reprendre son activité en mai, Maureen se plie aux conditions en ne recevant plus que deux clients à la fois contre quatre auparavant. Comme tous ceux du secteur, elle applique désormais un protocole sanitaire strict, adapté aux règles en vigueur. « Une perte de temps et d’argent, mais les gens étaient si heureux de pouvoir revenir se faire coiffer et la demande était telle que j’ai étendu mes horaires. »
Son agenda est plein jusqu’à mi-juin, mois au terme duquel Maureen ne se versera encore aucun salaire, préférant régler ses fournisseurs plutôt que s’endetter. Et ça continue… Le 30 octobre 2020, jugée commerce dit “non essentiel”, elle baisse son rideau pour la seconde fois en six mois. Pour toute la profession, la sentence est vécue comme une punition. « Difficile d’être considéré ainsi quand on recoiffe le moral des gens. » Son salon fermé pour une durée indéterminée, Maureen est démunie. La crainte de ne pas pouvoir rouvrir, de ne plus voir ses clients, la hante jour et nuit. Après un long mois d’attente, le 26 novembre, le gouvernement confirme la réouverture de tous les commerces.
Soulagée, dès le samedi 28 novembre, notre pétillante coiffeuse reprend enfin son activité. « J’ai alors senti comme un véritable vent de solidarité de la part de tous mes clients et notamment ceux du quartier. Tous sont venus se faire coiffer pour me soutenir. En cette période de fêtes, j’avoue avoir été touchée par leur chaleur et leur humanité. » Dans ce bel état d’esprit, on réalise combien un “petit” salon de quartier qui prend soin de nous,fait partie intégrante de notre quotidien. En espérant qu’il n’y ait pas de nouvelle fermeture imposée…
✹ Florence Bédouet