Le grand incendie de la ferme Noret

Il y a 110 ans, le 17 juillet 1904, l’incendie de la ferme Noret (actuelle Maison du Conte) a marqué la population et a été décrit dans maints journaux de l’époque.

En 1904, le village de Larue possède plusieurs fermes, dont celle de la famille Noret, située au 6, rue de Fresnes (actuel 6, rue Albert Thuret, qui, avec le n°8, accueille aujourd’hui la Maison du Conte). Le patron, Julien Noret, descendant de cultivateurs chevillais, est né à Larue le 27 octobre 1871. Il travaille d’abord avec son père et demeure au 27, rue de Fresnes. Après son mariage le 10 mars 1896 avec une jeune blanchisseuse de Larue, Angèle Louise Paradis, il se met à son compte et prend en fermage le 6, rue de Fresnes. En 1904, la maisonnée comprend 8 personnes, Julien et son épouse, leurs quatre enfants (deux fils et deux filles, âgés de 2 à 7 ans), ainsi que deux domestiques. L’exploitation totalise 15 vaches et 5 chevaux. Julien Noret possède une voiture à cheval à son nom pour livrer le lait. La ferme, acquise en 1841 par un grand-oncle paternel de Julien, appartient alors à la petite-fille de ce dernier, Madame Longuet, épouse d’un boucher de Fontenay-aux-Roses. Le dimanche 17 juillet 1904, un terrible incendie se déclenche en milieu d’après-midi. Du fait de la canicule qui sévit depuis quelques jours, quatre bottes de seigle rangées sous une remise entrent en combustion spontanée, par suite de la fermentation sous l’action de la forte chaleur. Flambant avec une rapidité inouïe en répandant de multiples étincelles, elles mettent le feu à la grange contre laquelle elles sont adossées, qui contient 800 bottes de seigle et près de 200 sacs de blé. L’incendie s’étend bientôt à la maison d’habitation et aux dépendances de la ferme. Les habitants quittent vite les lieux ; les animaux sont évacués à temps, sauf un cheval, qui est carbonisé. Les flammes s’élèvent très haut. Le sinistre menaçant de se propager aux habitations voisines, les voisins devant la rapidité et l’ampleur du feu, Julien Noret n’a pu qu’alerter les pompiers communaux. L’alarme est donnée. Les pompiers chevillais arrivent les premiers, suivis par ceux des communes avoisinantes. Ils attaquent le terrible fléau, mais l’eau manque et tous leurs efforts se bornent à empêcher l’incendie de s’étendre encore. Une foule de Chevillais et d’habitants des alentours, répondant à l’appel du tocsin, viennent prêter main forte aux pompiers, mais, devant le manque d’eau, les bonnes volontés demeurent impuissantes. Prévenus par le Maire, Henri Cretté, qui est alors le seul Chevillais à avoir le téléphone, des pompiers parisiens arrivent à la rescousse avec des pompes à vapeur, mais leur intervention est limitée, car leurs tuyaux ne peuvent s’adapter sur place aux bouches d’incendie, dont le diamètre est plus petit. Des spiritains du séminaire de Chevilly participent également, bénévoles venus les premiers avec leur propre pompe à incendie. Enfin, l’incendie est maîtrisé vers 19h et tout risque de propagation est écarté. Les pompiers chevillais restent toutefois toute la nuit sur place, pour nettoyer les décombres, d’où, par instants, s’élèvent encore de grandes gerbes de flammes. L’incendie a gravement endommagé la ferme, dont certaines parties, trop abimées, ne seront pas reconstruites. Il a aussi occasionné l’hospitalisation de quatre sauveteurs pour brûlures ou chutes : un Chevillais, un Parisien et deux pompiers de L’Haÿ-les- Roses. Il a montré le grand élan de solidarité d’une partie de la population chevillaise et environnante et a beaucoup marqué les esprits, comme le montrent maints articles de journaux de l’époque.

Marc Ellenberger, archiviste municipal

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