Quand le sport chevillais prenait son élan

Jusqu’à la fondation de L’Élan en 1945, le sport chevillais a été principalement masculin, paramilitaire, populaire, limité au football et associé avec L’Haÿ-les-Roses.

Les premières associations sportives de Chevilly-Larue sont marquées par leur caractère paramilitaire typique de l'époque.
Des Chevillais patriotes créent ainsi en 1889 la société de tir et de gymnastique Remember (« Souviens-toi » … de la perte de l’Alsace- Lorraine), affiliée à l’Union des sociétés d’instruction militaire. Elle est relayée en 1911 par la société de tir L’Espérance. L’instituteur, M. Fouillade, fait faire à ses élèves un peu de gymnastique sur l’aqueduc de la Vanne derrière l’école. 
Durant la guerre, les jeunes belges réfugiés au séminaire de 1915 à 1919 effectuent des manœuvres et parades militaires en uniforme. Après la guerre, la pratique du sport se développe, principalement chez les jeunes travailleurs, pour des raisons d’hygiène et d’éducation populaire. Le club de football L’Éclair sportif de Chevilly-Larue, « association amicale et sportive », est déclaré le 16 janvier 1922. Les matchs ont lieu sur un terrain dans la briqueterie Bohy à Larue, le café Sarda proche servant de lieu de réunion et de vestiaire. Une entente se fait bientôt avec des sportifs l’haÿssiens ; le club devient L’éclair sportif de Chevilly-L’Haÿ-les- Roses, comme l’atteste une affiche annonçant un grand tournoi de sixte organisé par le club le 12 juin 1927 au stade de L’Haÿ-les-Roses. Entretemps, des lotissements pavillonnaires ont été ouverts en 1922 et 1923 à l’est de la commune de Chevilly-Larue, assurant le développement du sport dans cette population nouvelle majoritairement ouvrière, toujours en association avec L’Haÿ-les-Roses. 
Ainsi est créée en 1925 L’Étoile rouge sportive de Chevilly-L’Haÿ, qui adhèrera à la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT) fondée en 1934. Les adhérents jouent au football avec leurs maillots noirs étoilés de rouge sur un terrain proche des lotissements dans « la plaine » (endroit occupé depuis par le MIN) ; ils se réunissent au Café de la Mairie. 
De son côté, L’Éclair sportif cesse son activité à la suite de dissensions et est remplacé en 1929 par la Jeunesse sportive de L’Haÿ-les-Roses. Celle-ci fusionne le 17 octobre 1936 avec L’Étoile rouge, dans l’état d’esprit d’union du Front Populaire, la nouvelle entité étant intitulée Prolétarienne sportive de L’Haÿ-Chevilly et ayant son siège à la mairie de L’Haÿ-les-Roses. Le monde religieux ne reste pas à l’écart du sport, car le séminaire crée le 15 décembre 1932 le Club sportif spiritain, dont le but est : « sports et préparation militaire », tandis que la paroisse déclare le 3 août 1938 l’Association sportive Sainte- Colombe (toujours existante), dont le but est : « sports, gymnastique, éducation physique, préparation militaire, éducation populaire ». 
En novembre 1938, l’École Massillon (école catholique parisienne) aménage pour ses élèves un stade sur un terrain qu’elle a acquis rue de Verdun, derrière la mairie. Au début de la Seconde guerre mondiale, le gouvernement décrète le 26 septembre 1939 la dissolution de toutes les organisations communistes et affiliées, cette mesure touchant la Prolétarienne sportive. En 1940, deux L’Haÿssiens fondent le Club athlétique de L’Haÿ-Chevilly (CALC), dont bien des membres deviendront des résistants actifs au sein du Mouvement de Libération Nationale (MLN). Le gouvernement de Vichy préconisant par circulaire du 12 décembre 1940 la création de terrains de sport près des écoles, le Conseil municipal, réuni le 15 juin 1941, décide de louer le stade de l’école Massillon, ce qui est fait au 1er janvier 1942 ; la ville complète alors l’aménagement du stade et en confie le gardiennage à M. Michaux. 
Peu après la fin de la guerre, la société sportive L’Élan de Chevilly-Larue est créée le 13 juillet 1945 « sur l’initiative et sous le patronage du Comité local de la Croix-Rouge » ; son siège est à la mairie, son lieu de réunion au Café de la Mairie et son but le « développement de la pratique de la culture physique et des sports ». Les Chevillais délaissent alors le CALC, qui supprime en 1955 Chevilly de son nom. L’Élan, après un début modeste avec une section football animée par André Claveau et une section gymnastique animée par
M. Mangold, prend son essor au fil des années, devenant l’actuel grand club omnisports qui a fêté ses 70 ans le 12 septembre 2015 au parc des sports.

Marc Ellenberger, archiviste municipal
Octobre 2015

 

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