René Desmaison, un alpiniste chevillais au début de sa carrière
La jeunesse de René Desmaison s’est déroulée en Dordogne, loin de la montagne. Il est né le 14 avril 1930 à Bourdeilles, benjamin des trois enfants et seul garçon de Joseph et Antoinette Desmaison. Sa mère est couturière et son père, un temps garde-champêtre, invalide de guerre, Croix de guerre, fait des métiers modestes avant d’être pensionné en 1937. La famille s’installe alors à Marsac-sur-l’Isle. Par son activité dans la Résistance, Antoinette entre en relation avec un résistant, Paul Roze, photographe d’architecture à Antony, réfugié à Périgueux, ville où René est apprenti-mécanicien dans un garage. Peu après la fin de la guerre, Antoinette tombe gravement malade ; sentant sa fin proche et sachant son mari incapable de s’occuper de René du fait de son handicap, elle obtient l’assurance que Paul Roze veillera sur son fils. Après le décès de sa mère en février 1946, René vient habiter à Antony chez son tuteur Paul. Celui-ci, s’occupant de scoutisme, incite René à en faire. Ce dernier découvre la montagne grâce à des camps de ski scouts. Son premier contact, début 1947, dans les Pyrénées enneigées, ne l’enthousiasme pas, mais sa passion se déclenche l’hiver suivant à Samoëns en Haute-Savoie. René étant peu intéressé par la mécanique, Paul le prend avec lui dans son atelier photographique, l’éveillant durablement au monde de l’image. En 1948, René campe des week-ends entiers en forêt de Fontainebleau avec les scouts et découvre le plaisir de l’escalade des rochers. Ses affaires ayant périclité, Paul devient le directeur d’un magasin de sport pour les scouts à Paris et prend avec lui René comme vendeur. Début 1950, celui-ci part au service militaire, effectué dans les chasseurs alpins à Briançon (Hautes-Alpes). L’armée fera de lui un alpiniste. Il gravit alors son premier sommet de plus de 3 000 mètres, le Pic de Rochebrune. Libéré, René redevient vendeur auprès de Paul. Il entre en relation avec Odette Martin de Roquebrune, secrétaire de l’association Les Amis des scouts et des guides, dont le siège est proche du magasin de sport. Elle est son aînée de 3 ans, étant née en 1927 à Gagny (Seine-Saint-Denis). Ils s’y marient le 26 juillet 1952 et s’installent dans une maisonnette dans le jardin des Roze à Antony. En 1953, René devient vendeur de réfrigérateurs et père avec la naissance de Sylvie. Il intègre à l’automne la communauté des « Bleausards », les grimpeurs assidus des rochers de Fontainebleau, et gravit vite les échelons de difficultés. En passant par la RN 7 à Chevilly-Larue, il voit l’annonce de la mise en vente d’appartements dans un immeuble en construction à l’angle de l’avenue du Président Roosevelt (N° 168) et de la RN 7. C’est l’occasion d’avoir un logement plus grand, Odette étant de nouveau enceinte, et d’avoir une base pratique pour se rendre à Fontainebleau. Les Desmaison y emménagent en 1954, peu avant la naissance de Mireille. René devient, sans conviction, représentant en outillage de chantiers. À Fontainebleau, il se lie d’amitié avec son aîné en alpinisme, Jean Couzy, qui devient son compagnon de cordée. Ils multiplient les ascensions, l’été et, précurseurs, aussi en hiver, dans les Alpes françaises et italiennes, y réalisant plusieurs premières, jusqu’au décès accidentel de Jean en novembre 1958. Durant l’été 1958, quelques mois après la naissance de son fils Pascal, René est l’un des alpinistes figurant dans le film Les étoiles de Midi de Marcel Ichac. En 1959, après s’être exercé avec de nouveaux pitons plantés dans les murs de son garage à Chevilly-Larue, René participe à l’expédition nationale au Jamnu dans l’Himalaya, qui échouera. Ayant cessé d’être représentant, il suit une formation à l’École nationale du ski et de l’alpinisme (ENSA) à Chamonix et est promu guide en 1961 ; il y enseigne aussi de 1960 à 1963. En 1962, René retourne avec succès au Jamnu. Ayant initié des améliorations dans le matériel d’escalade, il devient conseiller technique pour des sociétés spécialisées. Il quitte le foyer conjugal à Chevilly-Larue en 1962, avant de divorcer en 1965 ; il n’y venait plus que brièvement, la montagne occupant désormais toute la place dans sa vie. Alpiniste de haut niveau jusqu’à la fin des années 1980, il totalisera un millier d’ascensions dans les Alpes, l’Himalaya et les Andes, dont 114 premières. Il sera aussi conférencier et auteur de livres de montagne. Il s’éteindra dans un hôpital à Marseille le 28 septembre 2007 à 77 ans, ayant accompli son rêve : ne vivre que par et pour la montagne.
Marc Ellenberger, archiviste municipal