Chevilly-Larue au lendemain de la Libération - 1e Partie
Le 10 août 1944, un Comité local de Libération se constitue à Chevilly-Larue. Il est constitué de 9 membres représentant les 3 groupes locaux de la Résistance : 3 gaullistes menés par Paul Hochart, désigné comme président du Comité, 3 communistes menés par Jacques Teulet, vice- président, et 3 socialistes menés par Louis Bourliaud, vice-président. Le 22 août, trois jours avant la libération effective de la ville, le Comité occupe la mairie et publie cet avis : « Dès maintenant, la municipalité de Chevilly- Larue est destituée de ses fonctions.
La délégation du comité de résistance est seule habilitée pour gérer la commune. Elle fait appel au bon sens et à l’esprit de discipline des habitants pour lui faciliter sa tâche. Elle rappelle que tout acte de pillage sera sévèrement puni ». Le lendemain, le Comité invite les habitants qui auraient en leur possession des objets provenant des cantonnements allemands au séminaire (quittés par leurs occupants le 17 août) de les déposer à la mairie dans un délai de 8 jours, « ces objets appartenant à la collectivité nationale ». La 2e Division blindée (D.B.) du général Leclerc ayant atteint la Croix de Berny et la route de Versailles, la journée du 24 août est marquée par la canonnade et par 5 « morts pour la France ». En dehors d’un Chevillais, André Drouot, tué par une balle perdue, les 4 autres victimes ont été abattues par l’occupant en retraite : l’émissaire de la résistance parisienne Jacques Petit Le Roy et l’adjudant-chef Augustin Dericbourg de la 2e D.B. (qui le raccompagnait à Paris), le jeune résistant parisien Jacques Hellouin et le Père spiritain Laurent Mazurié.
Le Comité leur organisera de solennelles funérailles le 26 août et donnera leurs noms à la fin de l’année à 4 rues de la ville.
Le 25 août, des troupes des libérateurs traversent la ville en se dirigeant vers Paris, des Américains par la RN 7 et des éléments de la 2e D.B. par le boulevard Jean Mermoz. Chevilly-Larue est enfin libérée, mais il reste beaucoup à faire pour le Comité local de Libération, le premier souci urgent étant le ravitaillement. Voilà notamment environ 8 jours que le pain manque faute de farine. Dès le 22 août, le Comité avait divisé la ville en 2 secteurs, ouest et est, pour rattacher les habitants à l’une ou l’autre des 2 boulangeries : Lemosse à Larue et Viallard place de la Prévoyance (que le Comité dénommera place de la Libération le 11 octobre).
Le 26 août, le Comité annonce à la population que la farine récupérée dans les cantonnements allemands permet de distribuer du pain le lendemain : « Il sera attribué 250 grammes de pain par personne inscrite chez les boulangers, sur la présentation de la carte familiale de pain ». Une distribution de 3 tonnes de pommes de terre fournies par les cultivateurs est également effectuée le 27 août pour le secteur ouest et le 28 août pour l’est, les familles possédant des pommes de terre provenant de leurs jardins étant priées de s’abstenir de venir ; 2,5 tonnes sont aussi réparties chez les commerçants. Une tonne de carottes fournie par les maraîchers est également distribuée. Le Comité effectue aussi deux distributions de viande (à raison de 100 grammes par personne), provenant d’un cheval laissé au séminaire par l’occupant allemand et d’une vache récupérée. Pour renouveler pour quelques jours le stock de farine des deux boulangeries, le Comité prélève chez les cultivateurs de la commune 8,8 tonnes de blé, portées à moudre chez un minotier d’Ivry-sur-Seine, et récupère au camp d’aviation d’Orly 16 stères de bois fournies gratuitement aux boulangers pour chauffer leurs fours. Ces mesures d’urgence sont provisoires. Le 6 septembre, le Comité informe les boulangers qu’il leur appartient « d’accomplir désormais les formalités auprès des organismes chargés de leur approvisionnement en bois de chauffe et farine ». La question de la distribution de lait est débattue par le Comité dès le 2 septembre ; un arrangement sera notamment obtenu avec les producteurs chevillais pour fournir du lait frais aux jeunes enfants. Lors de cette même réunion du 2 septembre, le Comité, dans un souci d’épuration, examine sans suite notable le cas de quelques suspects de collaboration, notamment celui de M. George, maire durant l’Occupation destitué, qui n’est finalement pas inquiété. (à suivre)
Marc Ellenberger, archiviste municipal
Novembre 2015